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Assurance agricole

Entretien :

Chérif Benhabiles, Directeur Général de la Caisse National de la Mutualité Agricole (CNMA), au Soir d’Algérie :

 

«L’assurance agricole doit être obligatoire»

 Lundi 5 octobre 2015

Entretien : Chérif Benhabiles, Directeur général de la Caisse National de la Mutualité Agricole (CNMA), au Soir d’Algérie :
«L’assurance agricole doit être obligatoire»

 

 

«L’assurance agricole doit être obligatoire», plaide le directeur général de la Caisse nationale de mutualité agricole (CNMA), Chérif Benhabiles, qui appellera également à l’institution d’une assurance des calamités agricoles. Dans cet entretien, le premier manager de la CNMA, une institution financière déjà centenaire et leader du secteur des assurances agricoles avec 78% de parts de marché, revient sur la participation de la caisse au Salon international de la pêche et de l’agriculture et sa contribution au développement de ce secteur. Comme le DG de la CNMA explicitera la dynamique engagée en matière de diffusion de la culture de prévention et de gestion du risque dans le monde agricole et rural, la proximité et l’offre de produits adaptés notamment à travers la micro-assurance. Soucieux du rôle moteur que peut jouer la CNMA dans la mobilisation de l’épargne domestique, Chérif Benhabiles insistera à maintes reprises sur la nécessité de «revenir aux principes de la mutualité», de consolider le mutualisme qui «a de l’avenir dans le pays», d’augmenter le sociétariat. En outre, le DG de la CNMA qui explicitera le plan d’action stratégique 2015-2019 lancé par la caisse, escomptera, ce faisant, des perspectives prometteuses tant pour l’assurance agricole et halieutique que pour l’établissement qu’il dirige depuis maintenant deux ans.

Propos recueillis par Chérif Bennaceur
Le Soir d’Algérie : Vous avez participé au Salon international de la pêche et de l’aquaculture SIPA-2015 qui s’est déroulé du 1er au 4 octobre 2015 à Oran. Quel sens revêt votre implication dans cette manifestation ?
Chérif Benhabiles : Le Salon international de la pêche et de l’aquaculture est pour nous un événement important pour plusieurs raisons. La première, c’est que nous sommes de plain-pied dans ce secteur. Cela fait déjà très longtemps que nous activons dans le domaine de la pêche, avant même qu’il ne soit rattaché au ministère de l’Agriculture et du Développement rural. Quand nous avons eu vent qu’il y avait une vraie politique de développement, notamment aquacole, nous nous y sommes tout de suite intéressés, car nous savions qu’une politique doit être soutenue par un certain nombre d’instruments financiers. C’est un marché important et nous nous sommes immédiatement impliqués. Nous avons pris attache avec les services du ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques pour leur offrir des services, notamment en matière d’assurances qui couvrent le monde de la pêche, dans tous ses compartiments, que ce soit le revenu du pêcheur, son exploitation et même les assurances liées à sa personne, sa famille, ou la survenue d’accidents. Il y avait une demande importante, un intérêt avéré. Nous avons ainsi mis en place des comités conjoints et nous travaillons dessus depuis déjà deux ans. Maintenant, on se félicite que le secteur soit rattaché au ministère de l’Agriculture et du Développement rural. Entre-temps, nous avons mis en place un certain nombre de produits qui couvrent la pêche et l’aquaculture et que nous sommes en train de commercialiser, de vulgariser. Il y a d’ailleurs des perspectives énormes dans le secteur de la pêche, de l’élevage. L’aquaculture a un grand avenir dans notre pays, et la CNMA veut se positionner comme leader incontesté dans ce domaine, pour anticiper, aller de l’avant, au service de cette frange de la population.

Vos prestations dans ce domaine diffèrent-elles de celles liées à l’agriculture et l’élevage ? 
C’est davantage un travail de ciblage. Il y a un certain nombre de besoins qui sont, dirais-je, communs. Mais il y a des particularités pour la pêche. Des différences même dans le produit d’assurance. Ainsi, la mortalité aquacole diffère d’une région à une autre, ce qui implique des offres différentes, adaptées. Nous disposons d’une cartographie des risques que nous sommes en train d’actualiser et qui nous permet d’adapter nos produits suivant les régions, leurs spécificités, selon les cultures. Nous avons mis en place une panoplie de produits adaptés, que nous sommes en train de commercialiser. Certains sont déjà lancés sur le marché et nous avons des contrats qu’on est en train de commercialiser au niveau de certaines agences régionales. Des rencontres ont d’ailleurs été organisées à travers un certain nombre de régions, notamment à Boumerdès et Ténès. Il y a eu un engouement. C’était l’occasion de sensibiliser le monde aquacole, lui faire connaître les caisses. Le convaincre que la CNMA n’est pas là pour vendre des produits, mais pour lui apporter une certaine sécurité, un savoir-faire. Nous sommes là pour intéresser nos pêcheurs à la gestion et la prévention du risque. C’est un concept qu’il faut inculquer même dans la pêche. 

Les pêcheurs souscrivent-ils à cette démarche ? Y croient-ils ? 
Ils comprennent, certes, mais c’est un long chemin. Une seule rencontre ne suffit pas pour dire que nous avons réussi. Ce sont des rencontres répétées où nous devons sensibiliser, redonner confiance. C’est un travail permanent. D’ailleurs, l’assurance est un contrat de confiance qui associe l’assuré et l’assureur. Si le pêcheur ne croit pas à cette institution, il la rejettera quel que soit le produit d’assurance que nous lui offrons, fût-il le meilleur. C’est en ce sens que nous œuvrons à rapprocher le pêcheur de nos agences, dans le but de constituer une force pour cette institution, créée voilà plus d’un siècle par les agriculteurs pour les agriculteurs. Nous voulons ainsi ouvrir nos caisses à un nouveau type de sociétaires qui sont les pêcheurs, les opérateurs aquacoles. Leur expliquer qu’ils vont y trouver un double intérêt : des produits d’assurances qui vont les intéresser pour leurs activités, en tant que clients, et la possibilité d’exercer un droit de regard sur la gestion de l’institution et d’agir sur son devenir, en tant que sociétaires à la CNMA. Je ne le répèterai pas assez : le mutualisme, le concept du mutualisme a de l’avenir dans notre agriculture, notre pêche, pour notre pays. Nous ne pouvons développer ces secteurs que grâce aux principes de solidarité et de mutualisme. Personnellement, je ne vois pas d’autre système.

Les assurances halieutiques sont-elles différentes de celles agricoles ? 
Je crois que le concept général est le même. Il y a certes des différences dans l’appréciation d’une catégorie d’aléas. L’approche du risque, le comportement d’un pêcheur face à l’aléa diffèrent de ceux de l’agriculteur.

Mais l’agriculteur ne s’assure pas. Ce qui représente une contrainte, un facteur inhibant…
Je crois que c’est le constat le plus banal que nous puissions faire. Mais il faut dire pourquoi l’agriculteur ne s’assure pas. Il y a plusieurs raisons à cela, et à partir de là, je pense qu’un travail s’impose. D’abord, il faut dire que nous avons tous une part de responsabilité à assumer. La première, malheureusement, est qu’il n’y avait pas de produit d’assurance qui pouvait s’adapter au monde agricole et rural. Nous avons, certes, des compagnies qui activent dans ce marché et je ne parle pas de la CNMA. Mais quand vous voulez savoir s’il y a des produits qui s’adaptent, vous constatez qu’il n’y a rien. Et parce que l’agriculteur a besoin de produits qui couvrent un certain nombre de risques, il ne trouve cependant rien. Et même s’ils existaient, leur tarif serait tellement important que l’agriculteur ne pourrait s’assurer. Pour lui, c’est trop cher, hors de question ! Autre motif. On sait que l’agriculteur s’est toujours débrouillé seul. Il a toujours eu horreur de l’administration, méfiance et perte de confiance. Il n’y avait pas de travail de proximité. Pour lui, l’assurance était considérée comme un acte administratif très lourd, il nous considérait au même titre que l’administration locale. Donc, il y avait toutes les raisons pour que les produits d’assurance ne puissent être distribués aux agriculteurs. 

Au-delà du constat, quelle démarche préconisez-vous pour remédier à cette situation de désaffection ?
Je pense que la CNMA a compris cela et commencé à changer de politique et de stratégie. La première chose à faire était de se rapprocher de l’agriculteur. Nous avons permis l’ouverture d’un certain nombre d’agences de proximité, plus d’une centaine de nouvelles structures. Il fallait développer la proximité, cela entre dans le concept de la mutualité, se rapprocher des agriculteurs, leur donner confiance. Leur dire qu’on est là pour les accompagner dans l’acte d’investir, là pour sécuriser leur investissement. Nous avons organisé énormément de rencontres de terrain où les gens ont pu constater que la CNMA était en train de changer, d’évoluer. Que la Caisse n’était pas là pour gagner de l’argent, mais bien au contraire, notre souci est comment préserver le patrimoine de l’agriculteur. Même si l’Etat a énormément investi et il faut sécuriser cet investissement, il ne s’agit pas de laisser tomber l’agriculteur, sinon il aura tendance à ployer sous la fatalité face aux problèmes. On a démontré que l’assurance avait comme objectif essentiel d’apporter une sécurité économique. 

Les agriculteurs, les éleveurs et autres opérateurs du monde agricole en sont-ils conscients ? 
Quand on voit les statistiques, il y a une nette évolution dans le portefeuille, notamment durant les deux dernières années. Je pense que les agriculteurs ont compris. Il ne faut pas oublier que nous avons une catégorie d’agriculteurs qui comprennent les enjeux. Lors des différentes rencontres, ils posent des questions pertinentes qui nous remettent en question perpétuellement. Ils expriment leurs besoins, leurs attentes en produits adaptés. C’est très important. C’est une remise en cause de nos réflexes d’avant. L’autre aspect, c’est celui des potentialités. A vrai dire, nous en sommes encore loin. Mazal. Mais ça va venir. A un moment donné, les pouvoirs publics ont pu apporter ce qu’ils ont pu. Mais ce n’est pas éternel. Il faudra alors que les agriculteurs se prennent en charge. Certes, l’Etat pourrait intervenir en cas de grande catastrophe. Je ne vois pas pourquoi on devrait compter sur les systèmes de subvention qui ont peut-être soulagé mais n’ont pas créé de valeur ajoutée. Il faut revenir au principe de l’assurance dans sa conception, je dirais la plus parfaite, avec l’esprit de solidarité, des mécanismes, des plans triennaux qui couvrent des cultures stratégiques… L’Etat peut être impliqué directement, dans un premier temps, en tant qu’assureur et réassureur de ce dispositif.

Il faut penser maintenant à d’autres modèles d’assurances. Nous sommes en train de maturer des produits, notamment en cas de pertes de revenus. Notez que la Caisse a mis en place l’assurance perte d’exploitation qui couvre le chef d’entreprise, notamment l’agriculteur. En dehors des risques climatiques, des risques sanitaires, vous avez donc les risques de marché. L’agriculteur peut être ruiné parce que sur le marché, le prix de la pomme de terre dégringole et ce sont des choses qu’il ne maîtrise pas. Or, le principe de l’assurance, c’est qu’elle obéit à un aléa qui ne dépend pas de la volonté humaine. Ce qui nécessite une logistique, tout un travail pour y parer. Mais on y arrivera. Je ne pense pas que demain on ne puisse pas développer ce type de produits. Le marché est là. La demande est également là. Il suffit seulement de conjuguer les besoins techniques aux besoins réels, de concevoir des produits pour lesquels chacun trouvera son intérêt. 

Mais des agriculteurs se plaignent souvent du manque d’assurance, des retards d’indemnisation, de la cherté des tarifs… 
Qu’on cesse de prendre en charge les opérateurs contre le risque, je dirais à titre social. Je pense, c’est très important, que chacun doit se prendre en charge. Nous allons y arriver. A un moment donné, l’Etat a fait des efforts. Mais jusqu'à quand ? L’agriculteur est tout à fait prêt à payer le prix mais à condition qu’il soit pris en charge dans son risque et qu’il soit indemnisé dans les délais les plus courts. C’est un problème de confiance. Notez que la CNMA, depuis maintenant trois ans, a indemnisé à hauteur de 15 milliards de dinars de sinistres. C’est quand même important. Et pour les risques, hormis l’automobile, les délais d’indemnisation ne dépassent pas les dix jours. Nous sommes en train de réduire d’une manière drastique les délais d’indemnisation. Mieux que cela, nous sommes même arrivés à faire des avances sur sinistres dans les 48 heures, en attendant de finaliser les dossiers. Les résultats sont là. Je vous cite un exemple : à Souk-Ahras, après les chutes de grêle, c’est ce que nous sommes en train de faire. Il y a eu quand même une forte chute de grêle à l’est du pays, durant les deux derniers mois, qui a eu d’énormes conséquences notamment sur la culture céréalière. Nous étions présents avec nos experts, nous avons minimisé au maximum les délais. On a indemnisé quand même pour 200 millions de dinars de sinistres.

Comment se porte justement la CNMA ? 
Nous avons publié récemment notre bilan. Nos résultats sont très bons. Nos réserves excellentes. Nous venons d’augmenter notre capital social qui passe de 1 à 3 milliards de dinars. Ça veut dire que nous sommes en train de renforcer nos capitaux propres et notre solvabilité. En matière de placements financiers, la CNMA est l’institution qui place le plus sur les marchés. Cela dénote notre aisance et des résultats très intéressants qui nous permettent d’accompagner le monde agricole et halieutique. A ce niveau, il ne faut pas oublier que la CNMA est centenaire, elle est solide financièrement et techniquement. Les résultats enregistrés démontrent une nette évolution dans les deux dernières années (291% en 2014) en matière de résultats nets. Et là, nous ne sommes qu’à nos débuts, parce qu’il y a un plan d’action qui a été mis en place sur 5 ans. Nous commençons déjà à récolter un peu les fruits de cette nouvelle stratégie.

Mais la conjoncture économique et financière actuelle ne risque-t-elle pas d’impacter le dynamisme de la caisse et le développement de l’assurance ? 
Vous savez que l’assurance en général est tributaire de l’activité économique. Sachant que le secteur que nous couvrons connaît une évolution certaine, nous évoluons avec, d’une manière positive. Je pense, dans cette conjoncture, que les compagnies d’assurances en général et la CNMA en particulier auront un rôle important à jouer durant les prochaines années. Leur rôle est un élément moteur notamment pour drainer l’épargne. On veut en tant qu’assureur-mutuel drainer l’épargne des agriculteurs, des pêcheurs et de la population et on peut jouer ce rôle. Nous pourrons constituer des capacités financières importantes qui pourront servir demain à faire face à un certain nombre de risques et soulager l’Etat. On veut s’impliquer. 

Vous venez d’évoquer la mise en place d’un plan d’action. Pouvez-vous être plus explicite ? 
Nous investissons énormément dans tout ce qui est gestion et prévention du risque. Apprendre à nos agriculteurs, à nos éleveurs et maintenant nos pêcheurs, à gérer le risque est la première des choses à faire. L’assurance sans gestion et prévention du risque n’est pas l’assurance. L’assurance agricole obéit à des critères, des préalables. Prenons l’exemple de la fièvre aphteuse, cette épizootie qui a fait beaucoup de mal à nos éleveurs et détruit une bonne partie de notre cheptel. Malheureusement, la majeure partie des éleveurs n’était pas assurée et ceux qui l’étaient ont touché leurs indemnités dans les dix jours. Les résultats sont là. Mais les régions où la fièvre aphteuse n’a pas sévi sont celles où le taux d’assurés était le plus élevé. Les éleveurs ont souscrit, contracté des assurances (mortalité) parce que le risque mortalité prend en charge les maladies obligatoires, telles la brucellose, la tuberculose et autres. Or, on vérifie d’abord si l’étable est conforme et on exige que le cheptel soit vacciné. Si l’éleveur ne répond pas à ces deux critères, il est non assurable. Toutefois, la majeure partie des éleveurs n’était pas assurée parce qu’elle ne voulait pas se soumettre à ces obligations. Mais les éleveurs professionnels qui ont une conduite d’élevage saine, qui suivent leur cheptel et qui vaccinent leurs animaux, viennent s’assurer. On les indemnise et nos experts font même des visites inopinées, d’accompagnement, et gratuitement. Il faudra, ce faisant, que l’assurance agricole soit obligatoire. Elle n’est pas obligatoire. Il faudrait qu’elle le soit. Il faut que l’Etat puisse demain imposer à l’agriculteur de s’assurer. Libre après aux compagnies de savoir le prendre en charge. Ailleurs, les assurances agricoles sont obligatoires. Cela étant, je lance un appel pour la mise en place d’une assurance contre les risques de calamités agricoles, à l’instar de ce qui a été fait pour les catastrophes naturelles. L’idée a été envisagée un moment et la CNMA s’y est intéressée, mais elle a été abandonnée. Il serait opportun de la relancer.

Mais l’assurance Cat-Nat ne suscite pas encore une forte adhésion. Vouloir imposer une assurance agricole obligatoire ne serait-il pas inopérant ? 
Nous avons, il est vrai, une part de responsabilité. Nous n’avons, peut-être, pas communiqué convenablement et l’assurance contre le risque automobile nous colle à la peau. Toutefois, je pense qu’on arrivera facilement à persuader l’agriculteur plus facilement qu’un industriel, car l’agriculteur est tout à fait sensible. Il reste captif aux problèmes auxquels il est confronté. Quand il sait que quelqu’un l’accompagne, il sera acquis. 

Donc, le plan d’action en question entend remédier à cette désaffection…
Il fallait bien qu’on se remette en cause pour bien répondre aux exigences de ce marché. La première tâche consistait à évaluer notre mode d’organisation, nos capacités à faire face, nos points forts et nos points faibles. Il s’agissait, à partir de cette évaluation, de mettre en place un plan stratégique quinquennal pour mener à bien notre métier et arriver à concrétiser les objectifs qu’on s’était fixés. Ce plan stratégique 2015-2019 repose essentiellement sur deux axes importants : faire un travail de proximité et investir dans le capital humain et les systèmes d’information. Ce qui a été décliné sous forme d’actions concrètes sur le marché. Notez la multiplication du réseau avec l’ouverture d’un grand nombre d’agences, et par conséquent la création de plusieurs postes d’emplois, ainsi que la formation de 450 personnes, sur une durée de deux ans et ce, dans les techniques de vente et distribution, d’accompagnement… Nous avons également misé sur le développement d’un système de reporting, d’outils d’aide à la décision… Nous avons aussi lancé des travaux de réflexion sur nos offres. 

Le lancement de ce plan donne-t-il déjà des résultats ? 
L’année 2015 a été très bénéfique dans tous les compartiments de gestion. Comme je l’indiquais, tous les indicateurs sont au vert. Mais ce n’est pas pour autant qu’on va s’en réjouir. Nous ne sommes qu’au début. Il y a un gros travail à faire à l’intérieur de ce marché, où nous pouvons assumer le rôle de locomotive pour ce secteur, pour la politique de développement en œuvre. Il faudra que les pouvoirs publics puissent compter sur des institutions financières pour les accompagner. Sinon, on risque d’être en marge, en décalage par rapports aux objectifs que le ministère de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche s’était fixés. On doit jouer notre rôle pleinement dans l’accompagnement, la préservation des biens, la sécurité du revenu. On a misé sur une amélioration, une augmentation de nos résultats d’au moins 11% à 12% chaque année. Pour l’exercice précédent, cet objectif a été atteint et nous prévoyons de l’atteindre également durant l’année en cours, malgré toutes les difficultés. Et à partir de là, peut-être réorienter notre démarche. 

Cette stratégie intègre-t-elle également le monde rural ?
La CNMA veut être l’acteur incontournable, le levier du développement de la politique agricole et rurale, l’institution par excellence du monde agricole et rural. Nous avons aussi pour vocation, mission, le développement de la micro-assurance qui intègre la protection sociale, en milieu rural, où vivent douze millions d’Algériens et qui doivent être couverts. Nous avons organisé des rencontres pour la mise en place d’une assurance destinée au monde rural, cette sphère qui est complètement dépourvue de protection économique et sociale. La micro-assurance est en train de se mettre en place à travers un certain nombre de réseaux. Il faut des réseaux sur lesquels nous puissions compter. Car, il est difficile d’aller de foyer en foyer et notre réseau d’agences ne suffit pas. En ce sens, nous comptons mettre en place des relais avec des coopératives et des associations de manière à installer cette assurance dans les endroits les plus reculés d’Algérie. Malheureusement, cette population n’est pas connectée totalement. D’où l’opportunité de l’utilisation des technologies de la communication et de l’information. C’est un domaine, la micro-assurance, pour lequel nous avons déjà agi depuis deux ans et nous œuvrons actuellement, afin de présenter toute une gamme de produits qu’on a décidé d’appeler Ta‘mine el thika (l’assurance de confiance), des produits adaptés, avec des tarifs accessibles, des facilités. Nous souhaitons que les agriculteurs, les pêcheurs viennent s’assurer. 

Cela suffira-t-il ? 
D’abord, il faut qu’ils entrent en force dans le capital social de la CNMA. La CNMA peut constituer pour le monde agricole et rural une force très importante. Malheureusement, nous n’avons que 155 000 sociétaires. C’est peu par rapport au nombre d’agriculteurs. Il y a un travail énorme à faire à ce niveau. Nous devons renforcer le sociétariat. Ce qui s’inscrit dans le cadre de la concrétisation des objectifs du Plan stratégique. Ce travail ainsi que l’opération de renouvellement des conseils d’administra des caisses nous donnent l’opportunité, ainsi, d’augmenter le sociétariat et de le stimuler. Je considère qu’il faut revenir aux principes de la mutualité. J’y crois car c’est ce qui va constituer une force pour les secteurs de l’agriculture et de la pêche. 

Comment voyez-vous l’avenir de l’assurance agricole ? Quelles sont les perspectives pour la caisse que vous dirigez ? 
L’avenir de l’assurance agricole ? Il est prometteur ! Concernant la CNMA, elle peut être la première compagnie, la première institution financière de ce pays. Elle a toutes les chances. Certes, nous avons le soutien total du ministère, à charge cependant pour la CNMA de se remettre en cause et de répondre à la demande, d’accompagner la mise en œuvre du programme de développement sectoriel. 
C. B. Le Soir d'Algérie

 

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